Notre vision de l’agronomie

Il existe une multitude de définitions de l’agroécologie, mettant chacune en avant l’un ou l’autre aspect d’un agro-système. Une des plus complètes (en tout cas selon notre humble avis) est la suivante : “The agroecology is discipline that provides the basic ecological principles for how to study, design and manage agroecosystems that are both productive and natural resource conserving, and that are also culturally sensitive, socially just and economically viable

Cette définition (qui vient de Miguel Altieri, un des pères fondateurs de l’agroécologie moderne) peut se traduire par : ”L’agroécologie est une discipline qui fournit les principes écologiques de base permettant d’étudier, de concevoir et de gérer des agroécosystèmes à la fois productifs, qui préservent les ressources naturelles, et qui sont aussi culturellement sensibles, socialement justes et économiquement viables. »

Cette définition nous parlait tout particulièrement parce qu’elle met en avant le fait que l’agroécologie n’est pas uniquement une question de pratique agricole, mais repense l’entièreté du système de production (et que les citations en anglais c’est stylé). 

Selon Gliessman (un autre fondateur du mouvement), l’agroécologie serait l’application de concepts et principes écologiques au développement et à la gestion d’agroécosystème durable. Ceci se traduit en pratiques par les principes suivant :

  1. Améliorer le recyclage de la biomasse, pour optimiser la décomposition de la matière organique et le cycle des nutriments au fil du temps.
  2. Fournir des conditions de sol favorables à la croissance des plantes, en gérant les matières organiques et en améliorant l’activité biologique du sol.
  3. Minimiser les pertes d’énergie, d’eau, de nutriments et de ressources génétiques en améliorant la conservation et la régénération des ressources du sol et de l’eau et de l’agrobiodiversité.
  4. Diversifier les espèces et les ressources génétiques dans l’agroécosystème dans le temps et l’espace au niveau du champ et du paysage.
  5. Renforcer le système immunitaire des systèmes agricoles à travers l’augmentation de la biodiversité fonctionnelle – les ennemis naturels, les antagonistes, … en créant des habitats appropriés.
  6. Améliorer les interactions biologiques bénéfiques et les synergies entre les composantes de l’ agrobiodiversité, en promouvant des processus et services écologiques clés.

Cela se traduit concrètement sur notre champ de différentes manières. 

Premièrement, le houblon y est cultivé en agroforesterie. Cela signifie, d’abord, que le houblon n’est pas cultivé seul, mais est environné d’arbres plantés à petite densité. Pour notre champ à Buzet, nous avons opté pour plusieurs essences d’arbres fruitiers. Les avantages sont nombreux : l’agroforesterie permet, d’une manière générale, d’avoir un sol structuré, c’est-à-dire un sol qui absorbe correctement les excès de précipitations, qui ne constitue pas de coulées de boues et qui conserve efficacement l’humidité. En outre, le couvert végétal que créent les arbres permet de mieux résister aux épisodes de sécheresses et de protéger du vent. Enfin, les racines des arbres vont puiser les minéraux en profondeur et remontent les minéraux essentiels à la culture principale, en l’occurrence au houblon, ce qui limite les apports extérieurs. Notre pratique de l’agroforesterie implique également la plantation de haies tout autour du terrain ; elles protègeront du vent et joueront un rôle non négligeable dans l’amélioration de la qualité du sol.

Deuxièmement, notre gestion des intrants est réfléchie et axée autour de deux pratiques. D’une part, nous n’enrichissons notre sol qu’avec des apports naturels : compost, broyat, etc. Cette stratégie repose sur l’obtention d’un sol sain et sur le maintien d’une vie du sol riche et diversifiée. D’autre part, notre pratique agricole s’organise autour de l’implantation et de la gestion de couverts végétaux. Ceux-ci ont plusieurs finalités, parmi lesquelles l’enrichissement du sol en azote, en matière organique, ainsi que l’étouffement et donc la gestion des adventices, ce qui nous permet d’éviter d’avoir recours à des herbicides ou de travailler le sol.

Troisièmement, l’agroforesterie, les haies, ainsi que les couverts s’allient à l’implantation d’une zone humide et de prairie fleuries, ce qui participe à ce que notre houblonnière constitue un lieu de haute biodiversité. Nos haies comporteront une grande variétés d’essences végétales, dont une majorité d’espèces endémiques. Nos couverts sont pensés pour pouvoir offrir aux insectes butineurs de nombreuses ressources, et il est évident que la présence d’arbres est profitable à la faune locale. Constituer un lieu profitable à la biodiversité est évidemment utile et nécessaire, au vu de son érosion progressive, mais c’est également un atout pour le projet qui est le nôtre, dans la mesure où la lutte contre de nombreux ravageurs peut être gérée en ayant recours à ce qu’on appelle des auxiliaires de culture, c’est-à-dire les espèces biologiques qui se nourrissent ou préviennent l’apparition de ces ravageurs.

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